LES ARMES D'HAST A UNE FONCTION PRINCIPALE
Armes d'estoc
Attention : c'est pointu, ça pique...
La lance, connue depuis l'Antiquité, doit être citée en priorité. Je parle de la lance de bois et de métal, et non de la « lance » en tant que groupe de combattants. L'angon mérovingien est comparable au pilum romain. Le pilum est une arme d'hast tout à fait particulière, elle est surtout destinée à être piquée dans le bouclier adverse pour obliger l'ennemi à se découvrir. La framée mérovingienne est une lance, fine, élancée, de la hauteur d'un homme. Le javelot ou dard, utilisé par les Gascons, est souvent cité dans la Canson de la Crusada. Le bois de la lance de cavalerie suit l'évolution de l'armure. Le crochet de lance ne peut se trouver que sur l'armure de plates. Le haubert de maille ne permet pas cet accessoire. Une large rouelle protège la main. La lance, arme noble, est l'arme des tournois. En règle générale, il y a deux types de fer pour la lance de tournoi : une pointe très courte, pyramidale, ou le rochet à trois pointes. Le rôle offensif n'est pas le but recherché. De même, le bois de peuplier permet de « rompre une lance » sans trop de danger. De forme assez allongée aux IX et Xe siècles, l'épieu devient ensuite plus massif, parfois de grande dimension. En outre, une différence apparaît entre l'épieu de guerre, muni d'attelles pour protéger le bois contre les armes tranchantes, et l'épieu de chasse, muni d'une large lame très tranchante. Ce dernier possède toujours un élément destiné à empêcher le sanglier de blesser le chasseur. Cet accessoire limite l'enfoncement du fer. Il s'agit soit d'un ergot forgé avec la douille soit, le plus souvent, d'un morceau de métal ou de corne de cerf, la billette. Au XVe siècle, la longue pique (4 à 6 mètres) oubliée depuis la sarisse des Grecs d'Alexandre le Grand, va revenir à la mode avec les piquiers suisses et plus tard, les lansquenets allemands. Les carrés de piquiers feront la loi sur le champ de bataille jusqu'à la bataille de Rocroi, gagnée sur les Tercios espagnols par le Grand Condé, en 1643, première année d'un long règne. La pointe de la pique adopte diverses longueurs et formes, parfois carrée, comme un gros carreau d'arbalète étiré, et plus souvent très proche d'une pointe de lance, avec souvent des attelles, inutiles sur la lance. La pointe de la lance arrive au galop d'un cheval alors que la pique est maniée par un fantassin : il est donc possible de la couper d'un coup d'épée sur le bois, en arrière du fer. Les piquiers doivent « se serrer les coudes » pour éviter ce dangereux désagrément. L'angon, l'épieu, la lance, la pique sont des armes d'hast destinées à percer, soit au choc, soit en exerçant une poussée. La blessure est élargie par le tranchant symétrique dont la forme évoque une feuille de laurier.
Deux armes ont une longue lame tranchante : la pertuisane, apparue en Italie au XVe siècle, connue sous le nom de partizane, possède un long tranchant symétrique ; la langue de boeuf est à rapprocher de ce même type d'arme à la pointe et au tranchant symétriques mais avec une forme comparable aux lames d'épées à la colichemarde. Il ne faut pas oublier une arme destinée à percer, et uniquement à percer: l'ahlspiess, une arme allemande du XVe siècle. C'est une longue pointe à section carrée. Une rouelle, indispensable pour limiter l'enfoncement, protège en plus la main, sa hampe est assez courte.
Armes de choc
Attention ça cogne...
Le fléau du moissonneur va donner le fléau d'arme. La partie articulée amplifie l'effet de choc. Elle est d'abord en bois, cerclé de fer, avec des attelles. Plus tard, ces parties métalliques seront munies de pointes. Le fléau d'arme se perfectionne en perdant son aspect d'outil agricole : outre les attelles, il comprend une chaîne terminée par une boule munie de pointes, parfois 2 ou 3 chaînes terminées par des pointes. Ces chaînes, en s'enroulant autour d'une arme d'hast, permettent de désarmer un adversaire. Le choc de la boule de ce type de fléau d'arme est terrible. Selon la longueur du bois, cette arme se manie à deux mains, ou d'une seule. La masse d'arme, citée dans la Canson de la Crusada, est une évolution du tinel ou bâton ferré. Une sorte de tube de fer ou d'acier, muni d'ergots, avec une forte hampe de bois, permet de frapper des coups violents. Viollet-le-Duc décrit une arme de ce type moulée en bronze. La masse d'arme à ailettes, des XVe s. et XVIe siècles, est une évolution de ce type d'arme, mais avec deux différences importantes : le métal remplace le bois pour la hampe et l'arme est utilisée d'une seule main.
La plommée, à l'origine une sorte de maillet, en plomb, est efficace pour assommer ou briser des os, même sous un bon gambison. Le plomb se déformant au contact des armes, défensives ou offensives, il sera remplacé par du bronze, puis muni de pointes, en acier. En se perfectionnant, cette arme perd sa simplicité de fabrication et donc une partie de son intérêt. Parfois, elle est dessinée par les enlumineurs du XVe siècle.
Le marteau de forgeron va donner le marteau d'arme. Le marteau d'arme n'a pas cette surface plate pour enfoncer des clous mais son extrémité correspond soit à 4 fortes et courtes pointes, soit à une surface en pointes de diamants, l'autre extrémité du fer étant souvent un bec de corbin (forte pointe dont la forme évoque le bec d'un corbeau). Cette arme est également souvent représentée dans les enluminures du XVe siècle.
Le morgenstern (étoile du matin) est une grosse massue à deux mains, munie de nombreuses pointes et d'un estoc. Le bois est taillé à 8 pans pour la partie offensive et rond pour le reste de la hampe. Les pointes sont faciles à forger. La particularité de ce type d'arme réside dans une astuce de fabrication toutes les pointes sont verrouillées par l'estoc ; elle ne sont pas simplement piquées dans le bois comme un vulgaire clou, ce qui leur permet de bien tenir au choc. La simplicité de fabrication de cette arme lui a permis de traverser les siècles, du Moyen Âge au XIXe siècle. Son ultime avatar: les massues cloutées des « nettoyeurs de tranchées » de la Guerre de 14-18.
Armes de taille
Attention, ça coupe...
Parallèlement aux haches d'armes datant du XIIe ou du XIIIe siècle, la Tapisserie de Bayeux montre un autre type de hache: la hache saxonne. Par ailleurs, Froissart cite en particulier des haches à la bataille de Cocherel et notamment dans les mains du Captal de Buch. Ce qui n'empêche pas ses ennemis de le faire prisonnier ! Enfin, il y a une arme, allemande, d'une forme particulière, apparentée aux haches mais munie d'une pointe. C'est une hache d'arme allemande du XVe siècle, encore en usage au siècle suivant. La hache d'arme a une longue carrière militaire ; avec sa simplicité d'emploi, son efficacité, elle est utilisée durant tout le Moyen Âge. Mais, les autres types d'armes d'hast, en se perfectionnant, ont renvoyé la hache vers son usage normal : couper du bois.
source ; http://moultmetarde.forumactif.org/t204-les-armes-d-hast